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Photo du rédacteurRaphael Arranz

Cette part en nous qui veut être entendue


Photo by Kelly Sikkema on Unsplash

Ma part sensible ... je crois la connaître, je me dis hypersensible, et le piano a toujours été pour moi un moyen de lui donner la parole. Sauf que jusqu’à présent, le piano restait une activité très intime et strictement confidentielle (même mes proches m’entendent rarement). En cherchant pour la première fois de ma vie à partager plus largement ma musique, je viens de me rendre compte à quel point je ne donnais pas encore assez de place à cette part de moi qui a tant besoin d’être écoutée.


Jusqu’alors, le piano était comme une bulle d’air, un espace protégé où je m’efforçais d’exprimer ce que je sens en moi et qui ne peut pas s’exprimer ailleurs, surtout pas avec des mots. Une bulle salutaire pour la santé, pour éviter l’implosion ou la dépression. Mais qui n’induit aucun changement notable sur le quotidien. A l’image de ces séminaires que l’on organise en entreprise, où les expériences émotionnelles et les rapports humains décomplexés sont encouragés le temps d’un WE. Comme un médicament pour empêcher le dépérissement de ma part sensible, mais insuffisant pour lui permettre de vivre pleinement.


C'est que je cherchais avant tout à la protéger. Pour lui permettre de s’exprimer le plus librement possible au piano, en dehors de tout jugement sur la qualité technique ou musicale de mon jeu. Je joue en posant mes mains sur le clavier et en laissant venir ce qui est présent dans mon corps. Ça m’a toujours semblé beaucoup trop intime pour être partagé, exposé.


J'ai pourtant osé finalement, encouragé par une amie, partager un peu de cette expression sensible sur les réseaux. Cette expérience m'a évidemment beaucoup touché, mais elle m'a aussi appris des choses qui m'on encore surpris à propos de ma part sensible, de ma capacité à l'exprimer et à l'écouter.

D'abord, j'ai du reconnaitre que le manque de structure de cet instant musical ne l’a pas empêché d’émouvoir de nombreuses personnes qui m’ont fait des retours enthousiastes. Je me dis que c’est surement parce que j’ai réussi à débrancher suffisamment le mental, à ne pas contrôler mon jeu. Il parlait ainsi de coeur à coeur. Mais le lâcher prise a été vraiment difficile.

Plus étonnant encore : Enregistrer ma musique pour la diffuser, m’a permis de l’écouter. Je veux dire de l’écouter vraiment. J’ai pu entendre mon jeu d’une manière tout à fait nouvelle. En fait, après les premiers retours positifs, je me suis autorisé à écouter sans jugement. Et chose tout à fait incroyable, j’ai pris du plaisir à écouter ! Comme si cette musique était jouée par quelqu’un d’autre. J’ai tout de suite pensé : Tant de choses précieuses sont enfouies en nous !


Notre part sensible … Est-ce que l’on peut vraiment l’entendre et la comprendre tant qu’on ne la dévoile pas aux autres ? Je suis sur que nous avons tous besoin aujourd’hui de prêter plus attention à cette voix en nous. Elle nous parle de notre humanité. Et sûrement de notre avenir.


Nous ne devrions plus continuer à avoir peur de la laisser s’exprimer. Nous avons maintenant les connaissances, l’expérience et la maturité collective suffisante pour cela.




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